NE JUGEZ POINT, AFIN DE NE PAS ÊTRE JUGÉS: Partie 4
Ne pas juger dans la maison de Dieu
Romain Mezui
7/21/20245 min read


NE PAS JUGER DANS LA MAISON DE DIEU
Salut à tous.
À vrai dire, j'ai de nouveaux sujets à vous soumettre ce matin, mais ayant laissé celui-ci en suspens, j'ai trouvé bon de l'épuiser d'abord avant de passer à autre chose.
Ainsi, en partant de 1 Corinthiens 5:12 :
"Qu'ai-je, en effet, à juger ceux du dehors? N'est-ce pas ceux du dedans que vous avez à juger?",
J'ai été conduit à diviser mon étude en 2.
Dans un premier temps, j'ai traité du jugement face aux gens du dehors, c'est à dire les inconvertis. Voir partie 1, 2 et 3 de cette étude.
Puis, dans un second temps, je me propose d'examiner la question du jugement à l'intérieur de la maison de Dieu, c'est à dire l'Église. J'entends bien sûr l'Église ici dans le sens de communauté des croyants nés de nouveau, et non dans le sens d'institution, ni, encore moins, de bâtiment ou de lieu de culte. Voyons donc ce qu'il en est du jugement dans la maison de Dieu.
1 Corinthiens 5:12 nous dit clairement que c'est au sein de l'Église que les chrétiens sont pleinement habilité à porter un jugement sur les actes et les personnes. Ce jugement n'est pas absolu pour autant. Car même dans la maison de Dieu, il est des cas où nous devons juger, et il en est d'autres où nous ne devons pas juger.
Commençons par les cas où nous ne devons pas juger dans la maison de Dieu.
L'un des cas où la saine doctrine nous interdit de juger nos frères c'est quant à leurs motivations intérieures.
En effet, la parole de Dieu nous apprend que seul Dieu est juge des coeurs et voit les pensées des hommes. Ainsi, en dehors de toute révélation spéciale du Saint-Esprit (ce qui effectivement peut arriver, mais reste rare), nous n'avons aucun moyen de savoir ce qui pousse un frère ou une soeur à faire telle ou telle chose, que ce soit en assemblée ou dans la vie courante. Devant cette ignorance, il est donc tout à fait sage de s'abstenir de porter des jugements au risque évident de se tromper. Avant de voir un exemple dans les Écritures, soulignons que dans ce cas-ci, les agissements du frère ou de la soeur en question sont eux même irréprochables. Il n'y a pas de péché évident. Mais, pour une raison ou une autre, nous avons des doutes.
Nous en avons un exemple dans l'une des lettres de Paul. En Philippiens 1:15-18, Paul nous apprend que certains prédicateurs prêchent Christ avec des dispositions bienveillantes, mais d'autres le font avec des coeurs pas totalement purs. Dans les faits, les uns comme les autres prêchaient le véritable Évangile. Paul conclut alors que peu importe pour ceux qui le font par envie. Dans tous les cas Christ est glorifié!
En effet, Paul n'étant pas un surhomme, il n'avait aucun moyen de connaître les motivations de tous les prédicateurs, même s'il est évitant qu'il avait des doutes légitimes sur certains. C'est pour cela qu'il ne les désigne pas, ni ne demande aux Philippiens de sonder les motivations de ceux qui leur prêchaient l'Évangile. Il sait que c'est peine perdu et qu'au final Dieu seul sait ce qui motive les hommes.
Un cas similaire pourrait être par exemple de voir un prédateur être beaucoup plus enclin à présenter l'Évangile ou à enseigner à des personnes plutôt aisées d'un point de vue matériel. On peut ainsi avoir l'impression que ce dernier agit pour des raisons intéressées. Mais en vérité nous n'en savons rien.
Bien entendu, en pareil cas le Seigneur peut décider d'exposer les motifs impurs d'un frère ou d'une soeur pour le bien de la communauté. Mais en dehors d'une parole de connaissance à ce sujet, ou d'un acte par lequel les motifs de la personne s'avèrent effectivement malsains, nous devons nous abstenir de porter des jugements.
Dans la même idée, il est interdit aux chrétiens de juger les résultats notamment quantitatifs des serviteurs de Dieu, et en particulier de les comparer entre eux.
C'est notamment ce que Paul reproche aux Corinthiens. Ces derniers n'avaient pas à le comparer à Pierre et à Apollos, puis à choisir des camps en conséquence. Seul Dieu sait le travail qu'il confie à chacun de ses serviteurs, et donc Lui seul aussi peut juger à la fin si tel ou tel l'a bien fait ou pas. Nous devons donc nous abstenir de juger les enfants de Dieu quant au rendement de leur travail dans le Seigneur. Ils ne travaillent pas pour nous, mais pour Dieu.
Enfin, une situation dans laquelle la doctrine de Christ nous interdit également de juger au sein même de la maison de Dieu c'est à l'encontre des jeunes convertis et de ceux encore faibles dans la foi.
Le premier cas est une évidence. Même après sa nouvelle naissance, tous les péchés du chrétien ne disparaissent pas du jour au lendemain. Certaines addictions notamment, comme le tabagisme et l'alcoolisme peuvent avoir la vie dure. Et l'on ne saurait, le cas échéant, se mettre à juger ceux de nos frères et soeurs qui se battent encore avec de tels vices, mais nous devons plutôt leur enseigner leur nouvelles identité et position en Christ grâce auxquelles ils saisiront la délivrance désormais à leur portée.
Dans le deuxième cas, il s'agit de la lenteur relative de certains à découvrir ou à assimiler certaines vérités doctrinales. Aucun péché en l'occurrence. Seulement une difficulté à intégrer certains enseignements fondamentaux ou, tout au moins, bénéfiques de la vie chrétienne. C'est cela que Paul entend par:
"Faites accueil à celui qui est faible dans la foi, et ne discutez pas les opinions." (Romains 14:1).
L'Église de Rome comptait à la fois des Juifs et des Gentils en son sein. Et, paradoxalement, c'est parmi les chrétiens d'origine juive que l'on trouvait ceux que Paul qualifie ici de faibles dans la foi. Car, alors que certains juifs avaient pleinement compris la caducité des règles extérieures du judaïsme, comme l'observation du sabbat et les restrictions alimentaires, d'autres, bien qu'en Christ, continuaient à s'abstenir de certaines viandes et d'estimer certains jours plus sacrés que d'autres. Paul demande alors à ceux qui étaient plus avancés dans la foi de ne pas juger ceux qui tardaient encore à saisir toute leur liberté en Christ à cause du poids de leurs antécédents religieux. Bien entendu, ce n'était pas de la complaisance pure et simple, mais plutôt une invitation à leur laisser le temps d'être convaincus et de s'affermir dans les enseignements de la doctrine qui est selon la piété. Et d'ailleurs, dans ce cas comme dans le précédent (les jeunes convertis), il n'est pas question de rester indéfiniment au stade de nourrisson dans la foi. Il est un temps raisonnable au bout duquel l'enfant doit grandir, selon qu'il est écrit:
" laissant les éléments de la parole de Christ, tendons à ce qui est parfait, sans poser de nouveau le fondement du renoncement aux oeuvres mortes, de la foi en Dieu, 2de la doctrine des baptêmes, de l'imposition des mains, de la résurrection des morts, et du jugement éternel." (Hébreux 6:1-2);
Et aussi:
"Nous sommes prêts aussi à punir toute désobéissance, lorsque votre obéissance sera complète." (2 Corinthiens 10:6).
Ainsi, comme dans la vie naturelle, seuls les bébés en Christ échappent au jugement. Les adultes (et ceux déjà censés l'être mais refusant de grandir) sont pleinement responsables, et toute désobéissance volontaire de leur part, soit par le péché soit en refusant d'embrasser la totalité de la lumière qui leur est présentée, devient passible de jugement.
C'est ce que nous verrons dans la prochaine partie: les cas où nous devons exercer un jugement dans l'Église.
À très bientôt.
Christement vôtre.