NE JUGEZ POINT, AFIN QUE VOUS NE SOYEZ POINT JUGÉS: Partie 2

L'évangéliste qui juge

Romain Mezui

7/21/20245 min read

L'ÉVANGILISTE QUI JUGE

Salut à tous!

Ainsi donc que nous l'avons vu précédemment, le "Ne jugez pas" de Jésus s'adressait essentiellement aux convertis et s'appliquait aux non-convertis. C'est à dire que ce sont les non-convertis que nous ne devons pas juger. D'où la question de savoir comment évangéliser les non-convertis sans les juger? Ou encore, dans l'autre sens, quand est-ce qu'une évangélisation n'est en fait qu'une instance de jugement des inconvertis?

J'ai personnellement et pendant longtemps commis l'erreur de croire que ne pas juger une personne en lui présentant l'Évangile était en fait une question d'attitude et de sentiment. C'est à dire que si j'apporte l'Évangile à quelqu'un sans l'intention de le juger et avec amour, c'est cela ne pas le juger. Rien n'est plus faux! Ce ne sont pas mes bons sentiments qui font qu'une personne se sente juger ou pas, mais plutôt le type et le contenu de l'évangile que je lui présente. Écoutons le Seigneur parler, et interrogeons les Anciens pour le comprendre:

"1Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés. 2Car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et l'on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez." (Matthieu 7).

Ainsi qu'on le lit, ce que Christ considère comme un jugement, c'est un type de message qui, en même temps qu'il condamne quelque chose chez l'autre, nous condamne aussi, nous-mêmes. Or, qu'est ce qui peut condamner à la fois le chrétien et le païen? Écoutons Jacques pour le savoir:

"Nous bronchons tous de plusieurs manières." (Jacques 3:2).

L'ancien s'adresse ici à des chrétiens, et, rempli du Saint-Esprit, il est sans équivoque: il nous arrive encore à tous de broncher. Certes, le chrétien n'est plus sous la domination du péché et il ne le pratique plus, mais il lui arrive encore de pécher à l'occasion. Donc d'un point de vue objectif, même s'il pèche moins grossièrement et moins souvent, il n'est pas différent du païen s'il faut le juger sur la base de ses oeuvres, vu qu'ils pèchent tous les deux. Si donc le message principal d'un chrétien à un inconverti c'est toujours de dénoncer ses péchés et l'inviter à vivre pieusement, non seulement il s'érige par là en juge de son prochain, mais il se condamne aussi lui même, car si on le juge à la mesure de ce qu'il condamne chez l'autre, lui même aussi est condamnable, vu qu'il commet les mêmes péchés, ne serait-ce qu'en pensées.

Nous avons donc une partie des réponses à nos questions. LE TYPE D'ÉVANGILE QUI CONSTITUE DE NOTRE PART UN JUGEMENT SUR LES AUTRES ET NOUS CONDAMNE NOUS-MÊMES DU MÊME COUP, C'EST UN ÉVANGILE QUI SE RÉSUME À MARTELER LE PÉCHÉ DES GENS ET À LES INVITER À VIVRE PIEUSEMENT, soit la plupart des messages d'évangélisation qui se lisent sur les murs Facebook de ceux qui se disent évangélistes.

De plus, ces messages moralement incriminants souffrent de trois défauts principaux.

Premièrement, ils n'amènent personne à une réelle repentance. Car dire à une personne "Arrête de voler, de forniquer etc.," en lui décrivant l'horreur du péché dans le but de l'amener à changer, ça ne l'avance pas plus que ça. En fait, cela revient à dire à une personne affamée que si elle continue à manquer de nourriture elle va mourir d'inanition, et donc qu'elle doit chercher à se nourrir au plus vite. Ça lui fait une belle jambe! Et à quoi servirait un médecin dont la pratique se résumerait à dire au patient ce qu'ils ont (ils le savent déjà, c'est pour ça qu'ils sont malades! ) puis à les enjoindre à aller mieux? Sans traitement, la pratique de ce docteur est vaine. Il en est de même de ces messages d'évangélisation qui ne sont au final qu'un catalogue de dénonciations et des conséquences horribles du péché, que ce soit dans cette vie ou dans l'autre. Certes, ils sont souvent assortis d'une invitation à changer de vie. Mais condamner certaines oeuvres pour en promouvoir, en plus de ne pas aider son auditoire, comporte deux pièges subtils pour le prédicateur lui même.

D'un côté, c'est séduction à promouvoir la propre justice, laquelle réduit la vie chrétienne à une accumulations de bonnes oeuvres:

《Oui, comme moi je ne fume pas, ne vais pas en boîte et ne vis pas dans l'impureté, eh ben je demande aux autres, et donc à toi aussi, de ne plus faire ces choses non plus! Il faut arrêter ça! Fais plutôt comme moi!... 》

En quoi est-ce différent du discours du propre juste dans le temple déclinant ses bonnes oeuvres en contraste avec la vie du publicain? C'est non seulement être aveugle sur ses propres faiblesses, mais croire aussi que ce qu'on fait de bien est la norme de Dieu et que c'est en cela qu'il nous agrée. Quelle folie!

D'un autre côté, vouloir VENDRE DES BONNES OEUVRES À UN INCONVERTI, CELA NE PEUT QUE L'ENDURCIR, VOIRE LE RETOURNER CONTRE VOUS.

Paul nous éclaire en effet sur l'état intérieur de l'homme irrégéneré. Il nous apprend qu'un tel homme ne peut pas faire les choses de Dieu, et même qu'il ne le veut pas pour commencer. Alors lui marteler qu'il devrait cesser de faire ce qu'il fait pour faire ce qu'il ne veut ni ne peut pas faire, cela ne peut que le remplir d'une rage et d'une frustration que, évidement, il finira retourner contre nous. C'est le sens des paroles de Christ qui dit plus loin:

"6Ne donnez pas les choses saintes aux chiens, et ne jetez pas vos perles devant les pourceaux, de peur qu'ils ne les foulent aux pieds, ne se retournent et ne vous déchirent."

Nous savons que notre Maître n'était en rien injurieux. Les mots chien et pourceaux ne sont donc pas à prendre comme des injures, mais comme une description de l'état spirituel d'un homme encore dans les ténèbres. Un homme encore animal, comme Paul le désigne par ailleurs. C'est dans ce sens que Jésus a une fois comparé une femme Syro-phénicienne à un petit chien, pour signifier quelle n'appartenait pas (visiblement) au peuple de Dieu, et le porc, comme tous les autres animaux impurs de l'ancienne Alliance, sont eux aussi des images de personnes extérieures à l'alliance. Quant aux perles, comme en général tout vêtement beau et propre, ce sont les bonnes oeuvres.

Quand donc le Seigneur dit de ne pas donner des perles à des animaux qui ne sauront quoi en faire, mais plutôt se ruerons sur nous, entendons qu'il ne faut pas essayer de vendre des bonnes oeuvres à des inconvertis. Le christianisme n'est pas qu'une religion de plus qui demande aux hommes de cesser de mal agir, mais plutôt de bien se tenir en vue d'une récompense et de gagner le Ciel. Depuis des siècles, les hommes marchent déjà dans l'illusion qu'ils peuvent faire des choses pour plaire à Dieu, et de la part d'un enfant de la lumière, tenir plus ou moins le même discours c'est oublier qu'il est ce qu'il est par la grâce de Dieu, et que ce n'est pas sur la base de bonnes oeuvres que lui ou quiconque d'autre sera sauvés. Et cet oubli, ou ignorance plus ou moins volontaire, fait de lui un juge des hommes qui au passage s'incrimine aussi lui même. Que de tournures pour éviter de dire que JUGER LES AUTRES, C'EST LEUR PRÊCHER L'ÉVANGILE D'UNE MANIÈRE LÉGALISTE, VOIRE UN ÉVANGILE LÉGALISTE!

Alors maintenant que nous avons vu en quoi consiste le fait de juger les inconvertis, et comment ne pas les évangéliser, voyons enfin comment positivement présenter l'Évangile aux perdus sans les juger... dans une 3e partie.

Christement vôtre!